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Rebrousse-poil Je radote

C’est vrai, je m’en prends toujours aux mêmes, mais avouez qu’il y a de quoi !

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En pensant au sujet de cette chronique , je me disais, en me pinçant la joue  : « Pascal, tu vas encore dire du mal de ton prochain, d’autant plus qu’il n’y a pas si longtemps, tu les avais déjà épinglés. Tu radotes  ! » J’aimerais tant vous annoncer de bonnes nouvelles, comme la nomination de notre nouveau ministre de l’Agriculture, Jacques Lézard… Mézard ? Enfin, je ne sais plus, puiqu’il est déjà remplacé par un illustre inconnu dont une partie des prérogatives est transférée à Nicolas Hulot. Tout part de « Travert ». Bon, je radote. C’est l’âge ou un début d’Alzheimer. J’avais déjà pris un rendez-vous chez mon toubib quand j’eus une révélation : « Bon Dieu ! Ce n’est pas moi qui radote, mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, nos conseillers refont les mêmes erreurs. » L’agriculteur est une tête de mule, mais nous sommes cernés de têtes de pioche.

Au hasard, Vincent Chatellier, célèbre économiste à l’Inra , vient d’annoncer qu’il n’y avait pas de crise laitière, que les marchés mondiaux sont porteurs et qu’il faut se préparer à produire à un prix moyen de 340 € les cinq prochaines années. Enfin, une nouvelle encourageante. Je vous rappelle que ce même personnage n’avait pas prédit l’envolée des cours en 2007 et que pour se rattraper, il annonçait une embellie durable… jusqu’à la crise de 2008. En 2014, cet économiste, toujours, nous donnait des leçons d’optimisme. Merci, ça me remonte le moral. La seule analyse que je partage avec lui, c’est quand il annonce que les laitiers doivent moins investir pour sous-traiter et déléguer les travaux de culture afin d’alléger les astreintes.

La dernière étude des CER bretons annonce que la surface moyenne en céréales a doublé dans les exploitations lait pour atteindre un équivalent de 31 €/1 000 litres. Je les paye grassement pour élaborer ma comptabilité, pas pour donner des arguments à nos industriels. Depuis quand mélange-t-on les torchons et les serviettes ? Si je me diversifie dans le tourisme, le vacancier parisien me rapportera-t-il l’équivalent de 10 €/1 000 l ? Tiens, un petit calcul : 340 € de Chatellier – 31€ de céréales CER. Voilà pourquoi les industriels nous payent 300 €. Avec des amalgames tordus, on n’obtient que des conclusions biaisées. Alors, pas belle la vie ?

Le monde a soif de lait, mais qui récoltera le beurre , l’argent du beurre et le sourire de la crémière ? Nos industriels prévoient des revenus 2017 en baisse à la suite de la forte augmentation de la matière première (ton lait). Ils prétendent que le lait français est le plus cher du monde quand Friesland Campina redonne à ses coopérateurs 34 € de ristournes en 2016. Pendant ce temps, une étude prouve que le passage à l’euro n’a pas induit de fortes augmentations puisque depuis 2000, le lait à la consommation n’a pris que 1,9 % par an. Le lait départ ferme est juste resté dix-sept ans en arrière. Quand le salaire de nos conseillers sera indexé sur le prix des matières premières, ils raconteront moins de conneries.

Pascal Pommereul

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